« À la mémoire des soldats français qui dorment debout le fusil en main dans cette tranchée – leurs frères d’Amérique ». Il s’agit de l’inscription inscrite devant le monument commémoratif de la bataille de Verdun, dans le village fantôme de Douaumont.
Le monument fut financé par un riche banquier américain, Georges T. Rand, touché par la célèbre légende que le lieu habite. Des soldats français seraient morts ensevelis, debout et armes à la main, tués par les obus ennemis. La Tranchée des baïonnettes constitue l’un des mythes de la Première Guerre mondiale. Elle fut classée monument historique en 1922 et considérée comme haut lieu de la mémoire nationale en 2014.
Après-guerre, les fouilles permettent la découverte de 21 corps de soldats français. Quatorze ont été identifiés et enterrés à la Nécropole de Fleury devant Douaumont. Les sept autres corps qui restent inconnus ont été ré-inhumés dans la « Tranchée des baïonnettes ».
Pour beaucoup le mythe persiste, et pour d’autres il est remis en cause. Notamment, car aucun corps n’aurait été retrouvé en position verticale. Quoi qu’il en soit, la légende des « Tranchées de baïonnettes » montre surtout à quel point la Grande Guerre a marqué de manière presque indélébile l’imaginaire collectif. Alors que le conflit sanglant de la Bataille de Verdun s’achevait, les esprits ont rapidement imaginé des récits glorieux dans lesquels la Nation se sacrifie pour la Patrie.