La crête des Éparges est située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Verdun, en bordure des Hauts-de-Meuse. Elle est l’un des observatoires les plus avancés dans la plaine de la Woëvre. Elle culmine à 350 mètres. Cela offre un panorama exceptionnel qui domine le ravin des Quanottes à l’ouest, contrôle le col de la Crête de Combres au centre-sud et enfin, veille sur la plaine de la Woëvre à l’est. La nécropole française du Trottoir se trouve au pied de cette crête. Celle-ci se situe dans la forêt domaniale où l’on retrouve de nombreux monuments commémoratifs.
A partir du 21 septembre 1914, les Allemands développent une forte organisation de blockhaus et de réseaux de tranchées sur la crête des Éparges. La tâche de la reconquête est confiée à la 12e division d’infanterie, où sert l’écrivain Maurice Genevoix. La reconquête reste cependant incomplète. L’offensive générale reprend le 18 mars 1915, elle est très meurtrière. A partir de la mi-avril, la guerre des mines s’installe et se prolonge jusqu’en septembre 1917. Ces mines creusent de spectaculaires cratères dont 18 sont toujours visibles. Les Français perdent 50 000 hommes; les pertes allemandes sont comparables.
Créée en 1915, la nécropole ne recueille pas tous les morts. En effet, des soldats sont aussi inhumés dans des petits cimetières épars et dans des tombes isolées sur le champ de bataille. Le grand cimetière dit « du Bois des Éparges » de 1915, tout comme celui du ravin de Sonvaux, disparaissent totalement lors des bombardements. Ces derniers ont été retrouvés après la guerre, grâce aux renseignements fournis pas d’anciens aumôniers militaires. Environ 200 corps identifiés sont alors rapatriés par les familles. Les inconnus retrouvés sur le terrain et ceux exhumés des fosses communes sont alors inhumés dans les 4 grands ossuaires du point central. Après cet aménagement réalisé en 1922, on retrouve près de 900 corps dans des fosses communes dans le Ravin de la Mort. Un nouvel agrandissement de la nécropole en découle en 1924.
Les inconnus sont transférés à l’Ossuaire de Douaumont au caveau « Les Éparges ». Cela suscite de vives réactions de la part des familles qui pensent que l’Etat souhaite désaffecter la nécropole. Mais cette rumeur se verra ensuite démentie. En effet, la nécropole est refaite en 1958 puis rénovée en 1993. Enfin, entre 2005 et 2007, le monument central est reconstruit à l’identique en pierre d’Euville.
Chaque lundi de Pâques, la cérémonie traditionnelle commémorant les combats des Éparges a lieu. L’écrivain Maurice Genevoix, ancien combattant des Éparges, s’y rend jusqu’à sa mort, en 1980. Il se recueille sur la tombe de son ami, Robert Porchon, tué en février 1915. Les Éparges sont au cœur de l’œuvre littéraire de Maurice Genevoix dans « Ceux de 14« , et de celle de l’écrivain allemand Ernst Jünger, dans « Orages d’acier« .
Depuis les années 1990, le Mémorial de Verdun organise « Les classes Genevoix ». Cela incite les élèves à découvrir ce site majeur de l’histoire de la Grande Guerre à partir de documents, de témoignages et de visites de terrain qui ne laissent pas indifférent.
Louis Pergaud est un écrivain décédé dans ce secteur. Le 6 avril 1915, son régiment lance une attaque contre les lignes allemandes (attaque contre Marchéville-en-Woëvre – cote 233) dans les Éparges près de Verdun. À l’issue de cette offensive, il sera porté disparu.
Ce dernier aurait été piégé dans les barbelés et blessé par balles plusieurs heures plus tard. Des soldats allemands seraient venus à son secours et l’auraient emmené avec quelques-uns de ses camarades dans un hôpital provisoire à Fresnes-en-Woëvre. Malheureusement, celui-ci est détruit par un tir de barrage de l’armée française le 8 avril. Louis Pergaud et de nombreux compatriotes figurent au nombre des victimes, bien que leurs corps n’aient jamais été retrouvés.
Lorsqu’il meurt, il est l’auteur d’un unique livre: « Le Grand Meaulnes« , tout juste paru en 1913. Néanmoins, il est reconnu à l’époque et devient par la suite un classique des lectures adolescentes, longtemps inscrit aux programmes de l’Education nationale. Aujourd’hui, cet ouvrage continue à marquer ses lecteurs par la séduction qui en émane.
Après la guerre, la disparition d’Alain-Fournier suscite le mystère pour des décennies. D’intenses recherches de passionnés aboutiront finalement à sa découverte en 1991. Cette découverte marque une étape importante sur la réflexion de la prise en compte des vestiges d’un passé très récent et la naissance de l’archéologie de la Grande Guerre comme discipline à part entière.
En bordure de la Tranchée de Calonne, dans une clairière, on retrouve la fosse vide où les corps des soldats tombés au combat le 22 septembre 1914 sont matérialisés par des stèles. Le périmètre de la fouille archéologique réalisée en 1991 est recouvert d’une pyramide de verre. Cette dernière protège l’emplacement des corps exhumés des soldats du 288e régiment d’infanterie. Leurs dépouilles ont été transférées à la nécropole de Saint-Remy-la-Calonne.
A côté de la pyramide de verre, vous trouverez l’œuvre de l’artiste local Henri-Patrick Stein. Celle-ci représente une massive flamme du souvenir en pierre. Sur le socle, un volume du « Grand Meaulnes » et le képi d’Alain-Fournier, portant le numéro de son unité, sont sculptés.
Une Guerre des Mines a marqué le paysage de cratères d’explosions encore visibles aujourd’hui. Louis Pergaud, l’auteur de « La Guerre des boutons » y perd la vie en 1915. Son corps n’a jamais été retrouvé.
D’autres monuments accessibles aux visiteurs rendent hommage aux disparus. Par exemple, le Mémorial du Génie, le Monument du point X et son panorama, le Monument du Coq, etc. Également, au pied de la colline s’étend la nécropole française du « Cimetière du Trottoir ». Les corps des soldats qui y ont été retrouvés, dont celui d’Alain Fournier, reposent dans la pyramide en verre de la forêt de Calonne.